Au Viêtnam, entre 1946 et 1954 l’impérialisme français connait sa première défaite militaire et politique.
Episode ( 3 ) : la défaite de l’impérialisme français en Indochine
Sous occupation japonaise depuis 1940 avec la complicité du régime Vichyste, l’Indochine est initialement considérée par les alliés comme un pays vaincu, qu’il va falloir administrer.
La France est momentanément exclue de cette administration. Elle reprend pied dans sa colonie par une offensive militaire, politique et diplomatique.
L’offensive militaire est menée sur place par le général Leclerc. L’offensive politique et diplomatique est menée depuis Paris par le général de Gaulle.
En janvier 1946, les soldats de Leclerc contrôlent l’ensemble des territoires situés au sud du 16e parallèle qui coupe le Viêtnam en deux.
Au nord les territoires sont contrôlés par le Vietminh qui veut accéder à l’indépendance. Le Vietminh est alors une confédération nationaliste.
La France veut le maintien de sa souveraineté au sein d’une confédération de 5 pays qu’elle contrôlerait politiquement et économiquement.
Le 6 mars 1946 un compromis est presque signé : « Le gouvernement français reconnait la République du Vietnam comme un État libre, faisant partie de la fédération indochinoise. »
Il aurait évité 8 ans de guerre inutile mais il est dénoncé par les ultras de l’Indochine française.
À partir du printemps 1946 les militaires français et vietminh renforcent leurs positions.
Il ne manque plus qu’une étincelle pour tout embraser.
C’est chose faîte le 20 novembre 1946 lorsque les soldats du Vietminh font feu sur un bateau français dans le port de Haïphong.
La France riposte et rentre dans l’engrenage d’une guerre, qui va rendre tout retour en arrière impossible.
Le 19 novembre 1946 la ville d’Hanoï se soulève, il faudra plus de deux mois à l’armée française pour la contrôler.
Le gouvernement Vietminh se replie à une centaine de km au nord d’Hanoï, de là il contrôle les opérations de guérilla.
En 1947 l’armée vietminh dispose de 58 000 soldats réguliers, l’armée française de 115 000.
Le 8 mars 1949 la diplomatie française tente de remettre en selle le dernier empereur du Viêtnam, Bao Dai. Le 14 juin 1949 un accord est signé entre le président français Vincent Auriol et l’ex-empereur. La victoire du parti communiste en Chine redistribue complétement les cartes et provoque l’alignement des indépendantistes indochinois sur la Chine.
À partir du printemps 1949, l’armée populaire chinoise forme les cadres du Vietminh et équipe militairement les soldats.
Mi-septembre 1950, la guérilla s’intensifie le long de la route coloniale 4 qui relie le nord et le sud Viêtnam.
La volonté de contrôler cette route est catastrophique pour l’armée française. Sur un effectif total de 6 000 hommes engagés, 2 000 sont tués et 3 000 capturés. Huit bataillons d’élite du corps expéditionnaire sont mis hors de combat.
À la suite de ce désastre, le 17 décembre 1950 le général de Lattre de Tassigny atterrit à Saïgon, il dispose des pleins pouvoirs militaires et civils.
Le 14 janvier 1951, les Français commencent à utiliser une arme terrifiante fournie par les États-Unis : le napalm.
Le général de Lattre de Tassigny rentre en France en novembre 1951. Il a échoué, il est épuisé, il meurt quelques mois plus tard.
À la mort de De Lattre, le général Salan reprend le commandement en chef en janvier 1952.
À ce moment-là, l’armée vietminh compte 150 000 soldats et 115 000 miliciens, soit 5 fois plus qu’en 1947.
En novembre 1952, l’armée française tend un piège à l’armée vietminh en voulant lui imposer un combat frontal pour l’exterminer. Mais l’armée vietminh arrive à se replier.
En août-octobre 1953 dans le cadre de l’opération « Brochet » 18 bataillons français affrontent deux régiments vietminh. C’est une nouvelle défaite française.
En novembre 1953 l’armée française s’empare de Dien Bien Phu. La bataille qui suit entre novembre 1953 et mai 1954 est fatale à l’occupation coloniale française.
Le facteur clé de la défaite est d’ordre psychologique et politique. Le choc provoqué par la reddition de la garnison de Dien Bien Phu fait basculer l’opinion publique et amène les autorités politiques à mettre un terme au conflit militaire.
La signature des accords de paix signés à Genève, le 21 juillet 1954, met fin à la première guerre d’Indochine menée par l’impérialisme français.
En huit ans de guerre inutile des moyens considérables n’ont pu empêcher la lutte d’un peuple pour son indépendance.
La partition du Viêtnam en deux, revient de fait à la solution préconisée par le général Leclerc en 1946.
Cette guerre inutile menée par des va en guerre va se déplacer quelques mois plus tard en Algérie, avec les conséquences que l’on connaît.
Dans le prochain épisode nous irons en France voir comment l’opposition à la guerre s’est manifestée
( Ce texte est constitué d’extraits de lecture du livre de Jacques Dalloz « La guerre d’Indochine » édité aux éditions du Seuil en 1987 )