Rarement dans l’histoire un slogan a autant incarné une stratégie révolutionnaire. Pour Ernesto Che Guevara, son auteur, il résumait la perspective de créer plusieurs fronts qui en convergeant avaient pour but avoué de mettre à mal l’impérialisme.

Cette stratégie révolutionnaire exportée par Che Guevara, depuis Cuba vers l’Afrique et l’Amérique du Sud a été la matrice de toutes les luttes d’indépendance.

Ce slogan fut une perspective pour des milliers de révolutionnaires, car il s’appuyait sur une double défaite de l’impérialisme français et américains, au Viêtnam, entre 1946 et 1975.

À l’approche du 31e anniversaire, je vous propose de revenir au travers d’une série d’articles sur cette défaite majuscule de l’impérialisme et du colonialisme, qui a ouvert la voie à d’autres victoires.

La colonisation française (1)

Les missionnaires catholiques ouvrent la voie du colonialisme, même si les premiers d’entre eux furent les jésuites portugais.

Dès le 17è siècle, les religieux des missions étrangères de Paris viennent en nombre dans ce qui est alors appelé l’Indochine. Ils débarquent dans un pays en proie à une lutte dynastique. Un missionnaire, Monseigneur Pigneau de Behaine, vicaire apostolique de Cochinchine, prend sous sa protection un roi déchu, Nguyên Phuc Anh. Il lui fait signer un traité dans lequel celui-ci s’engage à octroyer certains privilèges aux Français, notamment des concessions territoriales.

En 1802, ayant triomphé de tous ses ennemis, Nguyên Phuc Anh, unifie le royaume qu’il appelle Viêtnam et se fait introniser empereur.

Pour donner une assise politique, sociale et culturelle au pays, il s’inspire du confucianisme.

Très vite, les missionnaires catholiques qui arrivent en disant : « Le Christ est roi ! » ne sont plus tolérés. Il y a des persécutions de missionnaires et de chrétiens vietnamiens.

Ces persécutions servent de prétexte à l’intervention armée de la France. Et cachent bien entendu les motifs commerciaux.

Un corps expéditionnaire débarque en 1858 à Tourane, au sud de la péninsule indochinoise.

Ce que les Français visent, depuis l’Indochine, c’est la Chine et le marché chinois.

Aux yeux des Occidentaux, la Chine représente l’Eldorado. Les soyeux lyonnais, les industriels de la métallurgie rêvent de s’implanter en Chine.

Contrairement au Mékong le fleuve rouge plus au nord est navigable et représente un accès direct à la Chine. C’est pour contrôler l’accès au fleuve rouge que la France place sous protectorat le Cambodge en 1863 et le Laos en 1893.

Dans cette séquence de mondialisation exacerbée, l’Angleterre fait de même en Birmanie et à Singapour, l’Espagne aux Philippines et la Hollande dans les Indes Néerlandaises.

Paul Doumer, crée en 1897 le gouvernement général de l’Indochine. C’est un véritable État colonial avec un budget et des institutions.

Le système fiscal repose sur trois monopoles : opium, alcool et sel, assurant à la colonie ses propres ressources. Il y a déjà une banque de l’Indochine qui émet une monnaie « La piastre ».

Le successeur de Paul Doumer, Albert Sarraut, impulse à partir d 1911 « la mise en valeur du pays ».

Entre 1930 et 1931, il y a de grands soulèvements au Viêtnam. Les premiers indépendantistes les accompagnent. Ces révoltes paysannes sont le prélude de toute une série de grèves massives pendant le Front populaire, jusqu’en 1939.

Des grèves ont lieu dans les usines, les mines et dans les plantations d’hévéa Michelin dont les cadres étaient traités de « négriers » y compris par le gouverneur d’Indochine.

« Plantations Michelin » et plantations d’hévéa dont nous vous raconterons l’histoire dans le deuxième article de cette série.

(Pour plus de précisions je vous conseille la lecture du livre de Pierre Brocheux, historien d’origine franco-vietnamienne : « Indochine française, la colonisation ambiguë » édité aux éditions : La Découverte en 1995.) 

 

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