La panthéonisation annoncée de Missak Manouchian pose une question au macronisme, un bon immigré serait-il devenu un immigré mort?

Le 18 juin 2023, un communiqué de l’Élysée confirme la décision de faire rentrer au Panthéon Missak Manouchian le 21 février 2024, 80 ans après son exécution.

Le « en même temps » du Président de la République vient de trouver une nouvelle déclinaison. Au moment où des centaines d’immigrés viennent de périr noyés aux frontières de l’Europe en Grèce, un autre immigré, décédé lui aussi, va être « panthéonisé ».

À croire qu’un bon immigré est un immigré décédé.

Nous le savons depuis la première mandature Macron, le : « en même temps » c’est tout et son contraire.

Mais là cette fois-ci, le Président innove dans l’anachronisme. Si Manouchian était né en 2006 (et pas en 1906), il n’est pas sûr qu’il aurait pu arriver jeune adulte en France :

  • Parce qu’il n’aurait peut-être pas échappé au génocide arménien en Turquie,
  • parce qu’il n’aurait peut-être pas trouvé refuge aide et assistance au Liban,
  • parce qu’il n’aurait peut-être pas pu débarquer à Marseille grâce à un réseau d’immigration clandestine.

Le clandestin, poète féru de langue française, serait peut-être mort noyé, lui aussi, dans la Méditerranée.

L’autre « en même temps » du Président, c’est panthéoniser Manouchian au moment où il s’apprête à promulguer une énième loi « immigration » liberticide qui fait la courte échelle à la droite extrême et à l’extrême droite.

Si Manouchian était né en 2006, il n’est pas sûr qu’il aurait pu s’installer jeune adulte en France :

  • Parce que la police française l’aurait renvoyé dans son pays d’origine,
  • parce qu’à défaut d’être incarcéré par la police pétainiste et livré aux nazis, il aurait sûrement été incarcéré dans un centre de rétention par la police de Darmanin.
  • parce que les accusations de « l’affiche rouge » sur l’armée du crime, éditée et placardée en 1944 tourneraient peut-être en boucle sur les chaînes d’information gouvernementales en 2024.

Macron n’a aucune légitimité pour évoquer la mémoire de Manouchian.

À cette tentative de récupération mémorielle, il faut opposer le poème de Louis Aragon mis en musique par Léo Ferré.

Faut-il le rappeler comme preuve de la duplicité de l’État et de la droite française. La chanson de Ferré est restée interdite à la radio et à la télévision jusqu’en 1981.

 

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