Ce slogan écrit sur une pancarte anonyme résume bien sûr les enjeux à venir. Il indique aussi le haut niveau d’inventivité amplifié par le rapport de force actuel.

Une des images phares de mai 68 est celle où le jeune Daniel Cohn-Bendit apostrophe heureux et gouailleur un policier empêtré dans son uniforme de maintien de l’ordre.

Le visage iconique hilare de Cohn-Bendit représente pour l’éternité des luttes, la joie du rapport de forces favorable. Il symbolise aussi l’identification de centaines de milliers de personnes à une même cause, un même espoir, dans un même moment.

Dans les manifestations de cet hiver 2023, nous retrouvons les prémices de cet esprit frondeur. Des dizaines de milliers de manifestants ne chantent pas encore « au revoir Macron », comme ils chantaient « au revoir De Gaulle », mais tous les manifestants savent que nous pouvons gagner.

Nous pouvons gagner parce que :

  • Le rapport de forces est favorable,
  • L’unité syndicale est totale,
  • Macron n’est plus le maître du temps,
  • La base sociale de la droite et de l’extrême droite prend conscience que l’opposition de ses dirigeants n’est qu’une opération de façade,
  • La droite parlementaire peut se diviser.

Pour gagner, il faudra :

  • Mobiliser au même niveau le mardi 7 février et faire exploser les compteurs le samedi 11 février.
  • Mener la bataille politique à l’Assemblée pour rendre le projet gouvernemental minoritaire,
  • Continuer d’être inventif sur les formes de luttes et d’actions,
  • Penser et préparer l’avenir des mobilisations et des grèves.

Car ne nous y trompons pas la victoire ne dépend pas d’un référendum qui sert d’affichage à l’extrême droite et qui ne sera jamais organisé.

La victoire dépendra du prix à payer par le gouvernement s’il s’entête dans une posture intenable. Ce prix à payer est d’ores et déjà électoral, social, politique, économique.

Si l’ardoise est trop lourde le gouvernement cédera.  

La difficulté initiale en mai 68 résidait dans le fait qu’une greffe devait être opérée entre la jeunesse et le monde du travail.

La difficulté initiale en février 2023 c’est de parvenir à faire lien entre toutes les générations et toutes les branches professionnelles. Après trois semaines de mobilisations, cet objectif est partiellement atteint. Il reste à le renforcer, génération par génération, branche par branche.

La question de la grève générale reconductible viendra obligatoirement après le passage du projet à l’Assemblée et au Sénat, suivant les rapports de forces qui s’y seront dessinés.

En mai 68 le Cohn-Bendit revendicatif était hilare parce qu’il venait de réaliser avec des milliers d’autres un pari fou, faire converger la jeunesse et le monde du travail.

En février 2023, nous pouvons réaliser un pari fou, faire converger dans le rejet du projet de retraite différentes générations et différentes branches professionnelles.

Et là, il n’est pas impossible que nous puissions aller plus loin qu’en mai 68 !

 

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