Rarement, une rentrée aura été aussi maussade à gauche. Alors que la droite et l’extrême droite accumulent les blocs majoritaires sur des sujets régaliens comme l’école, l’immigration, l’économie, le déni climatique . . . la gauche, elle, semble se complaire à se diviser à l’infini.
Dans le plus mauvais des scénarios, la gauche semble croire qu’elle a l’éternité devant elle. Que les batailles de leadership à droite sont une assurance vie contre la prise du pouvoir par le RN.
Cette cécité politique n’est pas qu’inquiétante d’un point de vue électoral. Elle l’est aussi au niveau des luttes.
Au moment où la droite et l’extrême droite constituent de fait des blocs majoritaires sur des thématiques de plus en plus nombreuses, la gauche, elle, se complaît dans le nombrilisme.
Chaque leader préfère faire entendre sa très petite voix, plutôt que de construire des blocs majoritaires qui feraient pendant à gauche à ceux construits par la droite et l’extrême droite.
Il y a certes un problème de ligne politique entre les tenants du social-libéralisme et les tenants d’une ligne anti-libérale. Mais pas que : la petite musique de la division à l’infini rejoue sa partition à gauche. À ce jour, seules les organisations de jeunesse d’EELV, de LFI, du PS, de Génération.S (pas les jeunes communistes) ont pris clairement position pour une liste unitaire aux élections régionales
Cette division est suicidaire. Pour la gauche en premier, comment croire qu’on peut être fort quand tout le monde tire dans des sens différents ?
Pour les citoyens en second, car si la gauche n’arrive pas à s’entendre sur un programme écologique de rupture avec le capitalisme, la droite et l’extrême droite n’auront aucune difficulté à s’entendre a minima sur des alliances conjoncturelles de défense du capitalisme et du déni climatique.
Preuve si besoin était, pendant que les leaders de la gauche étaient invités en compagnie de Bardella à la garden-party élyséenne, Darmanin annonçait qu’il voulait virer les « émeutiers » des HLM.
Pourquoi honorer une invitation élyséenne ? Pour discuter de bribes de social entre la poire et le fromage ?
Pourquoi honorer une invitation élyséenne, alors que Les Restos du cœur et la Croix rouge menacent de mettre la clé sous la porte ?
Il faut le redire haut et fort à LFI, chez les Verts, au PS, au PC : la gauche n’a jamais été aussi crédible que quand elle s’opposait frontalement au libéralisme lors des mobilisations retraite.
L’avenir n’est pas dans les soupers à l’Élysée, il est dans la constitution d’un bloc majoritaire antilibéral et écologique qui ne peut pas être incarné par la girouette Ségolène Royal..
Il faut se dépêcher, car au cas où LFI, les Verts, le PS et le PC ne l’auraient pas remarqué : il y a le feu !