Il semble bien loin le temps où le père Noël devait distribuer des cadeaux dans tout le Biterrois grâce à l’hydrogène vert. Il semble bien loin le temps ou dans une communion presque parfaite Ménard, Delga et Macron devaient transformer Béziers en un nouvel Eldorado industriel.
Acte 1 : l’usine Cameron de Béziers est choisie pour expérimenter et mettre au point la production industrielle d’hydrogène vert.
Acte 2 : avant que le processus de fabrication industrielle de l’hydrogène soit stabilisé, Ménard, Delga et Macron vendent du rêve : Béziers va devenir la capitale mondiale de l’hydrogène vert. Dans un enthousiasme exagéré, ils nous disent que les anciens titres de gloire de la ville ( ex capitale du vin et du rugby ) sont révolus, que l’avenir va apporter une nouvelle industrie et sa kyrielle de bienfaits.
Acte 3 : la mairie de Béziers, l’agglomération, la région Occitanie investissent frénétiquement dans la préemption de terrain, l’achat de foncier pour installer les lignes de production. Des terrains sont réservés à Béziers, dans les villages environnants et à Port-la-Nouvelle pour faire face au boom de la demande.
Acte 4 : les mêmes élus sont unanimes la nouvelle manne industrielle va irriguer le Biterrois et la région. L’argent va enfin ruisseler.
Ce début d’année 2025 semble leur donner tort.
En février dernier, Airbus annonce reporter la concrétisation de plusieurs concepts d’avions propulsés à l’hydrogène. Ceux-ci dévoilés en septembre 2020 étaient censés entrer en service en 2035.
Airbus annonce que commercialiser un avion propulsé à l’hydrogène n’est pas viable.
Une filière hydrogène verte suppose de produire en grande quantité ce combustible à un coût compétitif, d’installer des stations de ravitaillement, d’assurer sa distribution, d’équiper les aéroports. Autant d’impératifs qui ne peuvent exister que si la filière de production est stable.
Or, les industriels de l’aviation ont peur de se briser les ailes.
L’entreprise Universal Hydrogen créée en 2020 voulait commercialiser des capsules d’hydrogène liquide pour alimenter la pile à combustible. En octobre 2021, elle a ouvert son centre d’essai européen au pied des pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. En juin 2024, elle a été placée en liquidation judiciaire et a licencié 90 salariés.
Dans l’aéronautique, la sécurité figure au premier plan des priorités. Voler dans un avion propulsé par l’hydrogène impose de relever des défis technologiques colossaux. Or la maturité technologique et industrielle de la filière est trop aléatoire.
En dehors de l’Occitanie et de l’aviation, tout est à l’avenant. La filière française de l’hydrogène manque de débouchés, elle cumule deux handicaps, la baisse des investissements et la concurrence des batteries électriques.
Il semble bien loin le temps où Macron déclarait en 2021 : « On doit développer notre offre industrielle dans l’hydrogène et investir massivement. Tout cela nous permettra d’alimenter, nos bus, nos trains et nos camions. »
Quatre ans plus tard, les doutes l’emportent, les services de Bercy disent « On va réduire la voilure. On a surestimé la taille du marché et les cas d’application de la technologie sont plus réduits que prévu. »
Pour confirmer cette appréciation, le 10 février dernier GTT le spécialiste du transport en mer de gaz naturel liquéfié annonçait la suppression de 110 postes dans sa filière Elogen et la suspension du projet « gigafactory », d’électrolyseurs, annoncée à Vendôme dans le Loir-et-Cher pour 2025.
Dans ce contexte général où la sinistrose domine, on ne voit pas très bien comment le père Noël va faire pour amener ses cadeaux dans le Biterrois.
Ménard, Delga et Macron comme ils savent le faire auront encore vendu du rêve !