Il faut reconnaître une qualité à Bruno Retailleau : sa constance ! Son obsession sécuritaire liée à l’immigration le met dans une forme exceptionnelle. Pas encore revenu d'être Ministre de l'Intérieur  et donc de pouvoir enfin mettre peut-être en œuvre certains de ses fantasmes, il n'arrête pas, dans les médias,  de multiplier les annonces et les propositions plus répressives les unes que les autres.

Pas une journée ne passe sans que le nouveau ministre de l’intérieur se fende d’une nouvelle déclaration. Deux exemples, cette semaine : « Nous allons prolonger les délais de rétention », dans les centres de rétention administrative (CRA) et le retour des charters ! Qu'importe que ces mesures ne résolvent en rien les problématiques éventuelles qu'il entend résoudre.

Les Centres de Rétention Administratives existent depuis quarante ans en France. Au départ, la durée de rétention était de sept jours maximum. Les gouvernements ont augmenté ce palier peu à peu, à 12 jours en 1998, puis 32 jours en 2003, 45 jours en 2011 et 90 jours en 2018 avec la loi Collomb, dite « asile et immigration ».

La rétention administrative permet de maintenir dans un lieu fermé un étranger (avec éventuellement sa famille) ayant fait l’objet d’une décision d’éloignement (comme une OQTF, obligation de quitter le territoire français), dans l’attente de son renvoi vers son pays d’origine. Mais allonger encore le temps de rétention comme le propose le ministre de l'Intérieur ne permettra pas d'obtenir plus facilement de « laissez-passer consulaire », document indispensable pour mettre en œuvre l'expulsion.

La logique est claire, pour Paul Chiron, de la Cimade : Il n’y a aucune raison sensée de penser qu’on réussira à expulser plus en augmentant la durée. ».  « Bruno Retailleau estime qu’il pourrait y avoir plus de laissez-passer consulaires. Mais si un consulat n’a pas répondu en trois mois, il ne va pas répondre en six ! » Sa position est en plus démentie par la réalité : la durée de rétention n’a pas d’impact sur le taux d’éloignement.

Du coup, remettre en marche l'idée d'utiliser des charters plutôt que des lignes régulières ne répond pas, là non plus au problème de l'exécution des OQTF.

La France continue à faire le choix de harceler les étrangers, au prix de drames personnels et familiaux, d'attaques incessantes à la dignité humaine au lieu de permettre leur participation à la vie de notre société. C'est inhumain, stupide et contre-productif ! 

Ce type de déclarations n’est ni sérieux ni réfléchi. L’extrême droite  guette, on parle de souci de fermeté et de répondre aux craintes des Français… Mais cette course vers les idées d’extrême droite ne fait que renforcer les idées d’extrême droite. 

Peut-être que pour Bruno Retailleau ces propositions ne relèvent pas de calcul ou de tactique politique mais de réelles convictions ! C'est évidemment pire !