L’honneur est sauf pour le Nouveau Front Populaire: l’union des gauches, arrivée en tête des élections législatives, ne participera pas au gouvernement Barnier. Alors qu’une majorité de Français a voté pour une société de progrès social et écologique, le gouvernement constitué par le Premier ministre, issu du parti arrivé en queue de peloton à l’Assemblée, reflète une vision de la France réactionnaire et aveugle aux grands enjeux du futur.

Dans la famille « Réacs », on trouvera -pour ne citer qu’eux- des opposants à l’inscription de l’IVG dans la Constitution comme le LR Bruno Retailleau, numéro trois du gouvernement, nommé ministre de l’Intérieur ; des membres du Printemps républicain comme le macroniste  Guillaume Kasbarian, qui se voit confier le ministère de la Fonction publique ; et des membres de la Manif pour tous comme le ministre chargé de l’Outre-mer, le LR François-Noël Buffet.

Dans la famille « Après moi le déluge », on notera le maintien d’Agnès Pannier-Runacher au ministère de la Transition écologique… et de l’Énergie, qui avait conduit la délégation française à la COP 28 à Dubaï, refusant d’en communiquer la composition. Et pour cause : les noms de six hauts cadres de TotalEnergie y seraient apparus. La ministre défend la carte nucléaire en Europe et en France et a fait notamment adopter en 2023 la loi d’accélération du nucléaire. Tant pis pour les générations futures à qui nous léguerons les déchets nucléaires.  Ses acolytes, la porte-parole Maud Bregeon et le ministre de l’Économie, Antoine Armand, tous deux macronistes, ont œuvré également à cette promotion du nucléaire.

Dans la famille « Prenons aux pauvres pour donner aux riches » le numéro deux du gouvernement au ministère de la Justice (pas sociale), Didier Migaux, à l’origine de la LOLF(1) et fervent acteur de l’orthodoxie budgétaire et Bruno Retailleau encore, opposant à la hausse du SMIC et défenseur d’une semaine à 39h et de l’allongement de l’âge du départ à la retraite. On se doute que la co-fondatrice d’En Marche, Astrid Panosyan-Bouvet, chargée du travail et de l’emploi, qui déclare 6,1 millions de revenus annuels, saura conseiller de traverser la rue, à l’instar de son patron, pour trouver du travail.

Dans la famille « Niquons la planète » la LR, Annie Genevard à l’Agriculture qui fait semblant de croire que la France est victime de la surtransposition des normes européennes plutôt que de défendre une politique commune européenne de transition agricole. On ne comptera pas sur le ministre de la Fonction publique pour défendre le vivant puisqu’il a voté en 2020 pour la réintroduction des pesticides néonicotinoïdes arguant de sauver la filière de la betterave, mais pas la santé de nos enfants.  On sait par ailleurs que le budget 2025 prévoit une baisse drastique des moyens alloués au ministère de l’Écologie.

And the last but not the least, dans la famille « Détruisons les services publics », Alexandre Portier, LR proche de Wauquiez, ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel, grand opposant à l’ancien ministre de l’Éducation nationale Pap N’Diaye, lobbyiste de  l’enseignement privé, à qui l’État fait déjà la part belle depuis 2 décennies et ne cesse de gagner des parts du marché juteux que représente l’enseignement.

Cette alliance des droites va nous coûter bien cher si nous ne l’arrêtons pas et ne portons pas partout un message d’urgence sociale et climatique.  

 

  • LOLF : loi organique relative aux lois de finances qui fixe le cadre des lois de finances en France (2001), censée substituer une logique de résultats à une logique de moyens, qui a surtout été utilisée pour faire de la diminution de moyens le but recherché et baisser la qualité des services publics.