Et ça ne date pas d'hier ! Renaud disait déjà en 1983 : "La mer c'est dégueulasse, les poissons baisent dedans !" Aujourd'hui, c'est la pollution chimique qui diffuse sa "semence" sur nos plages et dans les vagues. À la plage, nous nageons toutes et tous dans une soupe chimique où se retrouvent pesticides, cosmétiques, micro plastiques, résidus de médicaments et j'en passe ! Des milliers de molécules, toutes différentes, souvent fort dangereuses font trempette à vos côtés sur nos « magnifiques » plages qui font la réputation de nos littoraux. Mais, attention, surtout ne pas boire la tasse !
Pourtant que c'est bon, les pieds dans le clapotis, la tête plongeant sous la vague, la nage jusqu'au bout de l'horizon. C'est beau, c'est bon mais c'est toxique !
D'abord les produits chimiques. Une étude récente montre que la pollution chimique est hors de contrôle ! La production mondiale de composés chimiques a été multipliée par 50 depuis 1950 et va encore tripler dans les trente prochaines années. Les substances chimiques composant en particulier les plastiques sont plus de 10000 et près de 2500 d'entre elles sont connues pour être toxiques, des milliers d'autres n'ont pas été étudiées du tout !
Et tout cela finit forcément dans l'eau, des ruisseaux aux rivières, des fleuves à la mer ! Cette mer, si belle, si vivante où vous vous trouvez peut-être justement aujourd'hui ...
La pollution chimique n'est simplement pas mesurée. Certains pesticides interdits depuis des décennies (par exemple le DDT en 1971 ou le chlordécone en 1990) sont encore retrouvés dans l'eau de mer.
Côté cosmétiques, c'est pas mal non plus. Dentifrices, shampooings, crèmes, gel douche, démaquillants contiennent tous des molécules toxiques. Tout le monde s'en fout en fait et on retrouve encore une fois tous ces polluants dans la mer.
Quant aux médicaments, leurs résidus font flipper tous les connaisseurs du dossier. Antibiotiques et antidépresseurs se retrouvent partout dans l'eau de mer mais comme on ne sait pas quoi faire et bien on ne fait rien !
Alors quand on boit la tasse, on avale forcément un tout petit peu d'anti-inflammatoires, d'œstrogènes, d'anxiolytiques sans parler des micro plastiques que l'on retrouve dans tous les filtreurs brouteurs que sont les coquillages !
L'exemple de la moule est édifiant : elle avale 25 litres d'eau de mer chaque jour et elle garde une bonne partie des micro-polluants par un processus qu'on appelle bioaccumulation. En gros, elle se farcit elle-même mais aux bactéries pathogènes, aux pesticides, aux médicaments, aux micro plastiques. Manger 100 grammes de moules, c'est ingérer une centaine de micro-plastiques assaisonnés avec d'autres polluants. Bon appétit !
Une pensée pour les ostréiculteurs qui ne peuvent que prier pour qu'on n'analyse pas davantage les fruits de mer qu'ils vendent, un résultat catastrophique serait alors garanti !
Et si vous pensez que le pavillon bleu de certaines plages ou certains ports peut vous aider à trouver un endroit garant d'excellence écologique, détrompez-vous ! Le pavillon bleu, c'est nébuleux , c'est bidon et c'est un label payant. Pour attester la qualité de l'eau de mer, seules deux bactéries fécales sont recherchées (Escherichia coli et les entérocoques). Tant que l'eau n'en contient pas trop, sa qualité est jugée excellente et le pavillon bleu est accordé.
Mais on ne mesure pas le reste, tout le reste !
Je n'ai pas de conseils à vous donner mais Paracelse disait que " Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison » alors pas d'excès concernant la plage, la mer et les coquillages !
Merci à Fabrice Nicolino et son dossier "La plage, c’est trop génial ! "publié dans Charlie Hebdo N°1562 du 29 juin 2022 à découvrir ICI