Une autre histoire – 4 décembre 1977, couronnement de Bokassa 1er

par | 1 décembre 2023 | Culture

Le 4 décembre 1977, voilà exactement 46 ans, Jean-Bedel Bokassa s’autoproclame empereur de Centrafrique « par la volonté du peuple centrafricain » au cours d’une cérémonie grand-guignolesque, d’un flamboyant et d’une indécence ridicule au vu de la pauvreté du peuple centrafricain avec couronne, sceptre, gâteau géant et parade militaire.

Aucun chef d’Etat n’y assiste mais Valéry Giscard d’Estaing fait tout de même parvenir un sabre de l’époque napoléonienne à l’empereur.

David Dacko, président de la République centrafricaine indépendante depuis 1959, fait appel au services de son cousin Jean Bedel Bokassa pour réorganiser l’armée du pays et le nomme colonel puis chef d’état-major en 1964. Cet ancien militaire français s’était illustré en Indochine et en Algérie. Il obtint la Légion d’honneur et la Croix de guerre et termina sa carrière dans l’armée française avec le grade de capitaine.

Dans la nuit du 31 décembre 1965 un coup d’état met fin au pouvoir absolu de David Dacko. C’est  Jean Bedel Bokassa qui le renversa à son propre avantage. Il accède ainsi au pouvoir à la faveur de ce qu’on appela le « coup d’État de la Saint-Sylvestre ».

Ce putsch permet à Jen Bedel Bokassa d’établir son pouvoir personnel. Pendant 11 ans le pays fut régi simplement : le président a tous les pouvoirs exécutif et législatif. Pas d’assemblée nationale donc pouvoir personnel, sans limites. En  1972, il s’auto-proclame même président à vie.

Surnommé « le Soudard » par le général de Gaulle, ce francophile, est soutenu par la France qui le considère comme  favorable à la défense de ses intérêts dans la région, notamment les mines d’uranium prospectées par le Commissariat à l’énergie atomique.

C’est en 1976 que la république centrafricaine se transforme en empire. Un an plus tard, le 4 décembre 1977 Bokassa est sacré empereur sous le nom de Bokassa 1er, 2 jours après la date-anniversaire de celui de Napoléon

La cérémonie fut particulièrement fastueuse avec pas moins de 10 000 pièces d’orfèvrerie, 200 uniformes d’apparat, 600 smokings et pas moins de 60 000 bouteilles de Champagne et de Bourgogne. Il revêtit pour l’occasion le même costume que Napoléon lors du sacre de ce dernier. 5000 invités assistèrent au sacre, notamment le ministre français de la Coopération, Robert Galley  mais aucun chef d’État ne fit cependant le déplacement.  De nombreux artisans et créateurs français furent mis à contribution. Un trône monumental serti de diamants fut créé pour l’occasion  empruntant le symbole de l’aigle à Napoléon.  La garde-robe impériale fut conçue par Pierre Cardin. La couronne possède 5000 diamants la robe de l’impératrice Catherine est brodée de milliers de rubis et près d’1 million de paillettes d’or et de perles. La couronne en or pur  comportait 7 000 carats de diamants, dont l’un de 60 carats. À la fin de la cérémonie, Jean Bedel Bokassa remonta les rues de Bangui en carrosse de bronze et d’or tiré par les chevaux des Haras du Pin mis à la disposition par le Président Valéry Giscard d’Estaing. Ce dernier épisode lui valut une réputation de mégalomane. Bokassa justifiait ses actions en déclarant que la création d’une monarchie aiderait la Centrafrique à se distinguer des autres pays africains et à gagner le respect des autres pays du monde.

On chiffra la cérémonie à plus de 100 millions de francs, financés en partie par le « cher cousin » Mouammar Kadhafi. Ces dépenses supérieures au budget annuel d’équipement du pays, l’un des plus pauvres d’Afrique, représentent un tiers du budget national . Au même moment Bokassa 1er a demandé une aide alimentaire à la France, la population étant menacée de famine.

Le style et le coût des cérémonies  ainsi que l’aide qu’y apporta la France, créèrent un sentiment de malaise dans la population centrafricaine  et dans l’opinion française.

Bokassa  est un personnage très controversé. Très populaire par sa bonhomie et ses largesses mais aussi potentat mégalomane et impitoyable envers ses opposants. Par ses décisions inconsidérés, il a ruiné son pays avec une certaine complicité de la France et sans que ses actes soulèvent d’autres réactions qu’une vague réprobation parfois amusée dans l ‘arène internationale.

Tout dérapa en 1979 suite à une révolte lycéenne, Bokassa fut accusé de la mort des écoliers emprisonnés.

Profitant du départ de l’empereur pour Tripoli, le 20 septembre 1979, l’armée française s’empara de Bangui après avoir amené dans ses bagages l’ancien président Dacko qu’elle réinstalla au pouvoir. Il annonça officiellement la chute de l’Empire centrafricain et le retour de  la République

Empereur déchu, Bokassa se réfugia à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pendant quatre ans, puis en France, dans son château d’Hardricourt dans les Yvelines, pour finalement retourner à Bangui en octobre 1986, bien que condamné à mort par contumace.  Sa peine fut confirmée puis commuée en 20 ans de réclusion. Amnistié en 1993, il s’éteint à 75ans, le 3 novembre 1996.

En octobre 1979, l’hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné révéla l’affaire des diamants qu’auraient reçu le président français de la part de Bokassa … sûrement pour le remercier, de  quoi ? … c’est une autre histoire !

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