Le 14 août 1926, voilà exactement 96 ans, naît à Paris René Goscinny, originaire d’une famille d’immigrés polonais. Ecrivain humoriste et scénariste de bande dessinée français, il est le créateur d’Astérix, d’Iznogoud et du Petit Nicolas ainsi que le principal scénariste de Lucky Luke. Il est l’un des auteurs français les plus lus au monde, l’ensemble de son œuvre représente environ 500 millions d’ouvrages vendus.....
Il passe son enfance et son adolescence à Buenos Aires et part pour New York à 19 ans pour travailler dans la publicité et l'illustration d'ouvrages pour enfants. Tintin et Milou édités en Belgique dominent alors le marché de la bande dessinée de langue française.
De retour en France, sa véritable carrière de scénariste commence avec la prise en charge, en 1954 de Lucky Luke du dessinateur Morris. Au dire d'un certain nombre de spécialistes, l'intervention de Goscinny aurait affadi la narration. Pour d'autres, elle a introduit un humour subtil qui a permis d'élargir son audience aussi bien auprès des enfants que des adultes .
En 1958, Goscinny s'associe avec le dessinateur Uderzo. Cette collaboration donne "Astérix, le gaulois" dont les débuts se confondent avec ceux d'un grand journal qui marquera les années soixante, Pilote.
Astérix dont les noms des deux héros trouvent leur origine dans l'atelier typographique de son grand-père « astérisque et obèle » restera sa plus fameuse création.
Il fait de Pilote un magazine pour adolescents, publiant des bandes dessinées plus inventives et libérées que celles de la presse pour enfants. Goscinny devient un des écrivains les plus productifs pour le magazine.
En 1960, Goscinny publie le premier recueil des aventures du Petit Nicolas où, en collaboration avec Sempé (qui vient de nous quitter ce 11 août 2022) il raconte, sur un mode naïf et à la première personne, les aventures d'un enfant. Puis en 1962, toujours dans Pilote, lancement de Iznogoud avec un nouveau dessinateur, Tabary.
De toutes ces séries, Astérix est celle qui aura connu le plus extraordinaire succès. Elle a atteint non seulement toutes les classes d 'âge mais également tous les milieux. La série est avant tout humoristique et parodie principalement la société française contemporaine à travers ses stéréotypes et ses régionalismes, ainsi que des traditions et coutumes emblématiques de pays étrangers. Le comique de répétition est très présent avec notamment le naufrage des pirates. A quoi tient ce succès ? Sûrement à la galerie des personnages pittoresques : d'ailleurs les noms des personnages autres que les deux héros restent aussi dans toutes les mémoires.
Astérix, le héros, dont la taille est inversement proportionnelle à l'intelligence et à la bravoure avec son fidèle Obélix, grand, fort, bête et sympathique, dont le chien Idéfix symbolise l'imagination limitée. On a abondamment glosé sur le nationalisme «gaullien » et franchouillard gaulois qui serait à la base de ce succès sans précédent dans la bande dessinée française. Goscinny a eu le génie de projeter des éléments actuels dans un pseudo passé qui permet d'inventer des situations d'une fantaisie extrême mais aussi d'une grande efficacité.
Le dessin de Uderzo, très vigoureux, est le support efficace d'un style narratif pourtant assez ambigu. Le texte des bulles, les péripéties s'appuient sur l'exploitation de lieux communs. La chaîne des idées et des expressions toutes faites apparaissent comme le miroir déformant de nos habitudes linguistiques. D'où la jubilation du lecteur qui retrouve dans une situation faussement originelle les tics hérités de ses ancêtres supposés gaulois.
La série des Lucky Luke, elle, est goûtée par les enfants qui y voient des aventures traitées sur un mode humoristique et par une certaine catégorie d'adultes, celle des amateurs de westerns qui savourent le plaisir raffiné du souvenir. La série met en scène Lucky Luke, cow-boy solitaire au Far West, connu pour être « L'homme qui tire plus vite que son ombre ». Lors de ses aventures, il doit rétablir la justice dans le Far West en pourchassant des bandits dont les plus connus sont les frères Dalton. La série est truffée d'éléments humoristiques qui parodient les œuvres de western. Là aussi les personnages sont pittoresques et attachants ( (Jolly Jumper le cheval qui parle et Rantanplan le chien le plus stupide du far-west, les Dalton et leur mère, le croque mort et son vautour).
Quant aux aventures du grand vizir Iznogoud, dont le rêve est de devenir « calife à la place du calife » c'est sans doute la création la plus originale, la plus inventive de Goscinny, celle dans laquelle il donne libre cours au déchaînement du désir de pouvoir frénétique toujours mis en échec et toujours renaissant.
Goscinny meurt d’un arrêt cardiaque le 5 novembre 1977 à l’âge de 51 ans au cours d’une épreuve d’effort de routine à la clinique de la rue de Chazelles à Paris. Il est enterré au carré juif du cimetière du Château, à Nice. Uderzo continue seul Astérix jusqu'en 2009 mais les albums sont signés de leurs deux noms, par respect pour sa mémoire.
Cependant, selon plusieurs critiques, Astérix régresse à partir de ce jour au rang des histoires pour enfants. Le marketing ne faiblit cependant pas, au contraire. Avec 107 langues et dialectes traduits dans le monde entier, Astérix est la bande dessinée la plus traduite au monde.
Depuis 2013, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad sont les auteurs d'Astérix. "Astérix et le Griffon", le 39e album d’Astérix, est le cinquième de leur collaboration. Il est sorti le 21 octobre 2021
Si la bande dessinée est devenu un art, souvent désigné comme le « neuvième art . En termes de notoriété et de rayonnement culturel on le doit aussi à René Goscinny. « Tintin s'incline devant Astérix » disait Hergé qui rajoutait « Il a fait sortir la bande dessinée du ghetto dans laquelle on l'avait enfermée en la destinant aux enfants et aux demeurés »
…...mais Tintin, lui, c'est une autre histoire !