Le 11 décembre 1803, voilà exactement 120 ans, Hector Louis Berlioz voit le jour à La Côte-Saint-André en Isère. Il est issu d'une très ancienne famille bourgeoise du Dauphiné.
Dès l'âge de 12 ans, il se met à composer et la musique restera sa première passion.
En 1821, Hector, jeune étudiant en médecine installé à Paris, se lance à corps perdus dans la musique. Il s'inscrit au Conservatoire pour y étudier la composition, la fugue et le contrepoint. Il abandonne alors la médecine au grand désarroi de sa famille avec laquelle il se brouille.
Il commence à écrire et présente ses compositions au Concours de Rome où il échoue en 1827,1828 et 1829.
Il faudra attendre 1830 et la symphonie fantastique qui enthousiasme Franz Listz pour voir Berlioz obtenir un triomphe précoce mais provoquer un grand scandale chez un public qui ne se rend pas compte de la portée de l'œuvre.
Berlioz rencontre Liszt, qui a assisté au concert; c’est le début d’une longue amitié entre les deux hommes qui va se poursuivre jusqu’à la fin des années 1850. Plus tard Liszt fera une transcription pour piano de la Symphonie fantastique, et deviendra l’un des plus ardents défenseurs de Berlioz pendant les années à venir.
L'année 1830 est aussi celle de la première d'Hernani de Victor Hugo et de la fameuse bataille qui s'ensuivit. C'est le temps où le romantisme français se laisse aller à des manifestations tapageuses et verse dans la démesure. Car il ne faut pas s'y tromper, Berlioz avec la symphonie fantastique apparaît comme un des grands représentants du romantisme musical français.
Il remporte enfin le prestigieux prix de Rome en 1830 ce qui l'amène à vivre à l'Académie de France à Rome. C'est le début d'une longue vie de voyage à travers l'Europe.
En Russie, il est chaleureusement accueilli par le public et les compositeurs de la nouvelle vague. Cela sans jamais trouver l'estime du public parisien. Alors qu'il est considéré dans toute l'Europe comme un héros romantique, il reste un ennemi à Paris où la musique est avant tout affaire de politique, de pouvoir, d'alliances et de trahisons.
Le requiem, joué en 1837 a cependant sa chance, grâce au concours d'amis bien placés. En décembre 1837, il est joué dans la chapelle des Invalides, décorée de milliers de chandelles pour la circonstance, en présence de la famille royale, du corps diplomatique et de toute la haute société parisienne. Le Requiem gagne à Berlioz une acclamation grandiose de la part des critiques et du public. Enfin !
Mais la cabale organisée par ses adversaires conduit à l'échec des représentations de son opéra Benvenuto Cellini en 1838.
Jusqu'en 1854, Berlioz est reconnu davantage en sa qualité de chef d'orchestre que de compositeur, et il est plus apprécié à l'étranger qu'en France ; il dirige ses propres œuvres, mais aussi des œuvres de ses confrères en Belgique, en Allemagne, en Angleterre, en Hongrie ou en Russie
En 1854, il écrit son Te Deum et espère vainement le voir exécuté au sacre de Napoléon III. Cette même année, par contre, l'Enfance du Christ lui procure le plus franc succès qu'il ait connu à Paris.
Sa vie est intensément pittoresque. Il vit avec panache et son tempérament ne cesse d'animer une existence dramatique parfois jusqu'à l'excès.
En face d'une générosité de cœur dont les preuves abondent, l'âpreté de ses haines se concentre contre la médiocrité et les fausses valeurs.
Le mouvement romantique apporte dans la littérature, dans les arts, dans les modes de sentir et de vivre un renouvellement total qui ne peut que trouver son écho dans l'imagination des compositeurs. L'un des touts premiers à son époque, Berlioz est arrivé à la maturité créatrice avec une sorte de fièvre, de désordre intérieur, de passion avide pour briser toutes les digues que l'âge classique lui avait opposé. Berlioz se trouve en proie à une imagination fougueuse qui lui dicte des idées mélodiques d'un caractère tout à fait étrange. Certain de ses détracteurs disant même qu'il ne connait pas la musique. Pourtant l'harmonie joue un rôle important dans son œuvre.
Le mouvement romantique français s'installe dans une complaisance à la détresse morale sans raison et un goût pour la passion malheureuse. Dans sa vie privée Berlioz sacrifie à cette mode. Mais comme créateur il garde toute sa tête, sa tête dure et burinée de montagnard du Dauphiné. C'est par là qu'il apparaît non seulement comme le plus grand mais comme le seul représentant authentique du romantisme musical français.
Les dernières années de Berlioz s'écouleront dans une morne grisaille assombrie par la maladie et la mort de son fils. Il s'éteint, épuisé, à 65 ans le 8 mars 1869.
Berlioz, comme tous les romantiques, a été largement contesté , adulé ou haï. D'autres romantiques, Lamartine, Victor Hugo ou Delacroix ont aussi marqué les arts de leur époque...
... mais c'est une autre histoire !
Version audio avec illustration musicale :