Le 10 avril 1930, voilà exactement 93 ans Claude Bolling voit le jour à Cannes. Pianiste, compositeur et chef d’orchestre, Claude Bolling se jouait des frontières qui séparent, en Europe, œuvres classiques, jazz, chanson et musique de film.
Claude Bolling a toujours vécu à Paris, sauf pendant l'occupation, car sa mère avait décidé de s'installer à Nice chez sa grand-mère maternelle dès la déclaration de guerre en septembre 1939.
C'est là que le jeune Claude fera connaissance avec la musique. Il voulait apprendre la trompette... sa maman décide que ce sera le piano !
Le chemin de l'école sera une occasion pour faire des détours et passer devant les hôtels de la Promenade des Anglais où se produisaient de nombreux artistes, dont les frères André et Henri Salvador. Claude n'aura qu'une envie : rejouer ces musiques, au grand désespoir de sa professeure de piano.
Pour progresser, il suivra l'enseignement de Marie-Louise "Bob" Colin, pianiste, trompettiste et batteur dans un des nombreux orchestres féminins à la mode dans l'entre-deux guerres. C'est elle qui découvrira son don pour l'improvisation et le poussera à monter à Paris. Nous sommes en 1944.
De retour à Paris, son père l'inscrit au tournoi des amateurs du Hot Club de France, organisé par Jazz Hot, qui se déroule alors salle Pleyel : grand succès du public et encouragements du jury. L'année suivante, en 1945, il remporte le tournoi des amateurs du Hot Club de France et réussit son examen d'entrée à la S.A.C.E.M.
A 16 ans, il créé sa première formation et à 18 ans, il enregistre son premier disque.
Pour entrer dans le monde professionnel, il suit des cours d’harmonie et de composition tout en fréquentant assidûment les clubs de jazz du quartier Saint-Germain-des-Prés. Il commence alors à se produire en professionnel. Ses premiers enregistrements, en sextette, datent de 1948. Il accompagne nombre de musiciens américains en visite dans la capitale française. Même le service militaire sera musical ! A la caserne Dupleix à Paris.
Une fois "libéré des obligations militaires", les grands solistes américains de passage en France ne manquent pas de faire appel à Claude. Il participe aux séances d'enregistrement et aux concerts de Rex Stewart, Buck Clayton, Lionel Hampton, Albert Nicholas, Roy Eldridge... devenant une des personnalités les plus en vue du monde du jazz à Paris.
Les rencontres seront nombreuses et "Bollington", surnom donné par Boris Vian, pourra enfin rencontrer son maître, le Duke
C'est ainsi qu'en 1956, le pianiste crée un big band exceptionnel par la volonté de son chef, la qualité de ses membres, son répertoire, son succès international et sa longévité. Il perpétue la tradition des orchestres swing de la grande époque : Count Basie, Benny Goodman et surtout Duke Ellington. Son répertoire et sa discographie se construisent essentiellement sur des reprises mais aussi sur ses propres compositions
Dans les années 1960, Boris Vian fait appel à lui pour l’arrangement de certaines de ses Chansons Possibles et Impossibles.
Cette collaboration lui ouvre les portes de la musique de variété : il écrit pour Brigitte Bardot (« La Madrague »), Juliette Gréco, Sacha Distel, Dario Moreno, Jacqueline François, Henri Salvador, et crée le groupe vocal Les Parisiennes quatuor vocal féminin chantant à l’unisson, très en vogue sur les ondes au début des années 1960. (L'Argent ne fait pas le Bonheur, Il fait trop beau pour travailler...)
Sa collaboration avec des artistes classiques – Jean-Pierre Rampal, Alexandre Lagoya ou encore Maurice André – voit naître une brassée d’œuvres à la croisée de deux univers, dont la plus célèbre reste Suite for Flute and Jazz Piano Trio (1973, avec Jean-Pierre Rampal). En 1984, auréolé d'une notoriété internationale, il est invité au Canada pour une série de solos, duos et trios, avec Oscar Peterson et Michel Legrand, qui rencontre un grand succès.
René Clément l'engage alors pour écrire la partition de Le Jour et l'Heure. Claude commence alors une véritable carrière de compositeur de musiques de films. Il en a écrit plus de cent, dont certaines ont été d'immenses succès : Borsalino, Flic Story, Le Magnifique, Lucky Luke, Le Mur de l'Atlantique...
Mais aussi L’Homme en colère, La Gueule de l’autre et Hasards ou Coïncidences en collaboration avec Francis Lai.
Artiste touche-à-tout, Claude Bolling compose également pour la télévision : le thème des Brigades du Tigre - L'Etrange Monsieur Duvalier - La Garçonne... et le générique des Rendez-Vous du Dimanche, la première émission dominicale de Michel Drucker dans les années 70.
Il a participé également à de nombreuses émissions télévisées produites par Albert Raisner, Jacques Chancel ou Maritie et Gilbert Carpentier.
Le Claude Bolling Big Band, est désormais entre les mains de David et Alexandre Bolling (les fils de Claude), Il poursuit sa route pour perpétuer l'oeuvre de son chef-fondateur.
A travers le monde, les jeunes musiciens sont nombreux à découvrir, apprécier et interpréter les partitions de Claude Bolling, tant en jazz, qu'en musiques de films
Cette notoriété lui confère un rôle d'ambassadeur de la musique française du XXème siècle dans le monde.
Claude Bolling meurt à Saint-Cloud le 29 décembre 2020. Ce jour-là, on est en pleine crise de la COVID-19 et on parle couvre-feu et vaccinations ... mais c'est une autre histoire !
Version audio avec illustration musicale sur Radio Pays d'Hérault, à écouter ICI