Dans le cadre de la soirée de soutien à SOS Méditerranée du samedi 2 décembre 2023 à 20 h 00, EVAB ouvre ses colonnes à l’association « Musécrimages » et au café associatif »Le Barnabu ».
Cette initiative fait partie du festival »Migrant’scène » (voir le programme dans l’agenda sur ce site).
Cette semaine nous publions un texte d’Adriana Carvalho. Brésilienne, Adriana Carvalho est journaliste, médiatrice et bénévole au café associatif »Le Barnabu » place Saint-Cyr à Béziers et à l’association Natura Lien.
La barrière de la langue
À la douane de la langue française,
Bien à l’aise sur sa chaise,
L’officier – (c’est son métier)
Me réclame:
– Madame, vos papiers !
– Volontiers ! j’exclame.
Je n’ai que quelques poèmes.
Cela pose-t-il un problème ?
-Vous gribouillez en français, je suppose ?
– Vous désirez les goûter ? je propose
Je lui sers dans un plateau
Mes pauvres originaux.
À l’aide d’un couteau
Il les coupe en morceaux.
Avec précaution
Il en avale une portion.
– Hmmm, Nhammm, hmmm
Qu’est que ça sent !
C’est quoi comme accent ?
De l’américain, du jamaïcain, du marrocain ?
– C’est du brésilien, cher citoyen!
Ne trouvez-vous pas cela relaxant ?
– C’est un patois plein de joie
Mais il manque je sais pas quoi
(Il était de mauvaise foi)
– Une pincée de passé composé?
J’additionne, je redouble
quelques consonnes doubles?
– Ne soyez pas ironique !
Ce serait catastrophique
– Désolée si je vous ai offensé
En parlant d’accent
Vous êtes les gagnants :
Graves, aigus, circonflexes
Ne soyez pas si perplexe
L’officier circonspecte
Mes versets il inspecte
Ils les rumine et mutile
L’arrêter, c’est inutile
À la fin du festin
Il acheva mon destin
de poète clandestin
et immigrant:
– Je vous lève la barrière
de cette frontière
Mais
Vos rimes étant dérisoires
Votre visa sera provisoire