Dans le cadre de la soirée de soutien à SOS Méditerranée du samedi 2 décembre 2023 à 20 h 00, EVAB ouvre ses colonnes à l'association "Musécrimages" et au café associatif "Le Barnabu"

Cette initiative fait partie du festival "Migrant'scène" (voir le programme dans l'agenda sur ce site).

Cette semaine, nous publions un texte de Myriam Arnoux qui a l'issue d'une carrière de harpiste et cantatrice professionnelle, est enfin devenue amateure puisque retraitée.                                                                                                     Toute sa vie, elle a adoré rire, faire la fête, faire rire lorsque l'occasion se présentait. Dés le premier "Jeudi je dis" organisé au café associatif du Barnabu, elle a envoyé quelques histoires drôles déclenchant de gros éclats de rire.                             

Des sketchs appréciés, déjantés, décalés, mais toujours avec une candeur respectueuse, innocente et coquine.

Texte de Myriam Arnoux : L'île grecque

Lorsque j’avais 25 ans, je suis partie en vacances sur une petite île grecque : Astypalaia, à 22 heures de bateau d’Athènes dans le Dodécanèse.

Donc, en face Chypre, à 22 heures derrière Athènes, tout au fond à droite Moscou, (gauche) par là-bas très loin New-York, ici sous mes pieds : Astypalaia !!

Le centre du Monde, au milieu de nulle part, le trou du cul de la mer !! Ici c’est la canicule permanente, y’a rien qui pousse… c’est un petit désert. Un petit port, quelques jolies maisons blanches, au-dessus l’église orthodoxe, quelques pécheurs, quatre poules et… une immense colline !!

Le soir venu, j’adorais arpenter la colline et monter jusqu’au sommet car la vue au coucher du soleil était phénoménale !!.... les émanations lumineuses une fois le soleil couché me donnaient l’impression que le soleil s’était couché tout autour… Une sensation de rêve, un émerveillement jubilatoire, une beauté infinie que l’on n’oublie jamais…

Et c’est là, que m’est venue l’idée que si je pouvais choisir où je construirais ma maison, ben ce serait ici. Et j’ai écrit ce poème :

Ma Maison

Ma maison, elle sera rose et bleue,

Avec de grandes fenêtres tout autour qui donneront sur la mer,

Et une petite lucarne au plafond pour voir le ciel et les étoiles…

Ma maison, elle sera accueillante, chaleureuse et musicale,

Avec une cheminée pour se chauffer l’hiver et aussi pour faire griller des poissons…

Elle sera toute petite, ma maison,

Mais à l’intérieur, il y aura plein de places

Pour tous les gens que j’aime… Et une place pour Toi !

De tous les ports, de toutes les gares, je mettrai des pancartes pour que tu ne puisses pas te tromper…

(Applaudissements)

Non, mais c’est pas fini… parce que à la fin, j’ai écrit :

« à l’intérieur, il y aura plein de places

Pour tous les gens que j’aime… Et une place pour Toi !

De tous les ports, de toutes les gares, je mettrai des pancartes pour que tu ne puisses pas te tromper… »

Mais je ne suis jamais retourné à Astypalaia. Donc, imaginons que le gars se soit pas trompé, ou qu’il y en ait 5 ou 6 qui ont lu les pancartes et qui se soient sentis concernés…

Ben, ils se sont retrouvés là, en haut de la colline, comme des glands… puisque moi, je n’y suis jamais retournée…

Et puis, à cette époque, il y a une quarantaine d’années, je n’imaginais pas du tout qu’un jour des milliers de migrants accosteraient au port d’Athènes… Si peu que quelques-uns d’entre eux lisent le français :

« Viens me rejoindre, je suis à Astypalaia, je t’attends ! »

Du coup, peut-être qu’aujourd’hui en haut de la colline, il y a un petit campement de migrants, tous des hommes, qui cherchent la fille ?… 

Ou bien, il faudrait que je retourne dans tous les ports et toutes les gares, pour changer la direction et le texte de mes pancartes :

« Viens me retrouver à Béziers, rendez-vous à minuit devant la statue de Paul Riquet, tu me reconnaîtras j’aurai le sourire aux lèvres et la Pieuvre sous le bras »

 

 

 

 

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