Ce livre démonte pas mal d’idées reçues : celle que toutes les sociétés ont besoin d’une police. Que la police empêche le crime, qu’elle est perfectible. Qu’elle fonctionnerait mieux avec plus de moyens. Que la délinquance augmente, d’où l’augmentation régulière des effectifs et des moyens techniques auxquels s’ajoutent ceux des polices municipales et privées. L’auteur, à partir d’une étude des statistiques et des analyses de résultats sur de nombreuses années et dans plusieurs pays d’Europe et des États-Unis réfute toutes ces affirmations !
Il se demande pourquoi l'emprise policière n'a fait que croître ses dernières années, alors même que les rapports sociaux se sont globalement pacifiés et que la délinquance est stable depuis des décennies. On découvre par exemple « qu’il n’y a pas de corrélation entre les dépenses pour la police et l’évolution des faits qualifiés de délinquants » et que 10 % seulement de l’activité d’un policier concerne des affaires criminelles. 
De même, on a tendance à considérer les violences policières comme des débordements marginaux alors que c’est la nature de l’institution policière, soudée par un esprit de corps unique, qui détermine le comportement des policiers.
 
Dans la 2e partie du livre Paul Rocher rend compte de 2 expériences de gestion des conflits indépendantes de l’appareil d’État : en Afrique du Sud et en Irlande du Nord, où les crédit alloués à la police ont été transférés à des missions en faveur de l’éducation et de services sociaux. Naturellement les personnes chargées temporairement de l’ordre devant la communauté n’y avaient ni le même statut ni le même profil. On aurait aimé un bilan plus détaillé de ces expériences qui n’ont pas eu d’avenir.
 
Paul Rocher est économiste et diplômé en science politique de Sciences Po Paris. Il étudie le maintien de l'ordre et notamment l’impact des armes "non létales" sur le comportement des forces de l'ordre et des manifestants.
 
Éd. La fabrique, 2022, 260 p. 14 €
 
 
 
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