LE CÉSAR DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE
Un des plus gros succès documentaire du cinéma français de ces dernières années, La ferme des Bertrand de Gilles Perret, vient d’emporter le précieux César et a donné l’occasion au réalisateur d’un discours très politique (si cette cérémonie sert à quelque chose, c’est au moins à ça, parfois !). Extrait : « La voie que j’essaye de tracer, c’est essayer de rendre visibles les invisibles dans un pays où on tend plus facilement le micro à des milliardaires qui se plaignent plutôt qu’à des millions de pauvres. Dans un pays où les dirigeants, pour rester en place et pour ne pas contrarier les puissants, préfèrent s’allier à l’extrême droite fasciste plutôt que de poser la question du partage des richesses et de la protection de la planète. »
Vous pouvez voir tous les films de Gilles Perret (et même des inédits) en VOD sur CinéMutins. La Ferme des Bertrand est visible en VOD et également disponible en DVD ici.
LES AUTRES MOMENTS « POLITIQUES » DES CÉSAR
Entre rires, larmes et l’incontournable ennui des listes de remerciements, il y eut quand même d’autres paroles politiques.
D’abord, le mot lu à la remise du César du meilleur film étranger pour La zone d’intérêt de Jonathan Glazer (qui n’était pas sur place) : « Le fait que tant de personnes sont venus voir notre film est extraordinaire. Le fait qu’il soit autant d’actualité est alarmant » (…) « Aujourd’hui, la Shoah et la sécurité juive sont utilisées pour justifier les massacres et les nettoyages ethniques à Gaza après les massacres. Les massacres du 7 octobre et la prise d’otages en Israël : il s’agit, dans un cas comme dans l’autre, d’actes de terreur contre des innocents, rendu possible par la déshumanisation des gens, des personnes qui se trouvent de l’autre côté de nos murs. C’est la zone d’intérêt ». Voilà un cinéaste qui continue à faire preuve de courage politique, ce qui n’est pas si fréquent !
On se souvient l’année dernière aussi des paroles de la cinéaste Kaouther Ben Hania, qui avait remporté le César du meilleur documentaire pour Les filles d’Olfa : « On vit dans un monde où les criminels de guerre paradent en toute impunité alors que quelqu’un comme Julian Assange, le meilleur d’entre nous, croupit en prison. Navalny est mort ne laissons pas Julian Assange avoir le même sort » (…) Il y a 70 journalistes qui ont été ciblés et tués à Gaza (…) dire aujourd’hui : Arrêtez de tuer des enfants devient une revendication radicale, c’est complètement hallucinant ! On ne va pas se taire, on ne va pas se laisser intimider, il faut que le massacre cesse. Il faut utiliser notre notoriété (…) Ce qui arrive là-bas est tellement horrible. Personne ne pouvait dire je ne savais pas ! »
Ses paroles auraient pu être presque encore prononcées cette année avec une mise à jour : le chiffre des journalistes tués à Gaza a au moins doublé, mais Julian Assange est enfin libre.
Passons sur la demande faite à l’inamovible Rachida Dati par Josiane Balasko de protéger le cinéma français des chars américains… et bon courage ! Netflix est déjà dans le fruit depuis bien longtemps (avec l’appui de la Macronie)…
Costa-Gavras, qui recevait cette année un César d’honneur pour l’ensemble de son œuvre, a rappelé cette histoire que nous relations la semaine dernière : « un groupe cagoulé, bien organisé, s’est attaqué à un film qui parlait de la dictature et de ses injustices. C’était à l’image de leur pays. Ils ont tabassé ces gens-là »,et demandé : « La France peut-elle accepter de tels actes qui semblent se préparer ? ». Le film en question (qu’il n’a pas cité) était son fameux film Z.
Voir les autres films nommés aux César et déjà présents sur CinéMutins
Les Mutins de Pangée
coopérative cinématographique