Fascisme : pourquoi ça recommence (3)

par | 2 mars 2025 | Histoire

Au moment où de nouvelles formes de fascisme prospèrent dans le monde, je vous propose un tour d’horizon européen d’expériences fascistes, à partir de quelques dates clés. On commence par le cinquantième anniversaire de la mort de Franco en s’interrogeant sur son impunité.

1975, fin du franquisme ? Acte 3 : ni vainqueurs ni vaincus ?

L’année 1956 marque un tournant. Les mobilisations étudiantes de février à l’université de Madrid se soldent par des affrontements meurtriers entre phalangistes et étudiants. De manière quasi simultanée la répression s’accroit. Le PCE et le PSOE changent de doctrine.

Vingt ans sont passés depuis le début de la guerre civile. L’Espagne a dans un premier temps été mise au ban des nations puis réhabilitée. Elle siège à l’UNESCO depuis 1952 et à l’ONU depuis 1955.

À la suite des mobilisations de février dans les facultés, un manifeste est publié le 1er avril 1956 (jour de la célébration de la victoire pour les franquistes), manifeste rédigé par le célèbre écrivain Jorge Semprun qui était alors un dirigeant clandestin du PCE.

Ce manifeste introduit la nouvelle doctrine du PCE. Une doctrine révisionniste où il n’y a plus de factieux, de coup d’État, de croisade, d’éradication des « rouges », mais des fils de vainqueurs et de vaincus qui ne veulent plus des haines du passé pour se projeter vers un avenir commun.

Le PCE enclenche très vite la « surmultipliée » dans une déclaration de juin 1956 intitulée : « Pour la réconciliation nationale, pour une solution démocratique et pacifique du problème espagnol ». Le texte critique « la perpétuation de l’esprit de guerre civile et appelle « à enterrer les haines et les rancœurs pour combler le fossé entre les uns et les autres ».

Le PCE est rejoint dans cette démarche par le PSOE.

Quelques personnalités liées au franquisme se joignent à titre individuel à cette quête, mais la totalité de l’appareil d’État ne bouge pas.

Le pari politique des communistes et socialistes est assumé, il vise à montrer patte blanche aux nouveaux alliés mondiaux du franquisme dans l’espoir qu’ils imposent une libéralisation du régime.

Cette proposition va rester pendant près de vingt ans à l’état de souhait. La dictature de Franco rejette toute ouverture libérale. Le franquisme va rester jusqu’à la mort de Franco structuré autour de sa légitimité belliqueuse d’origine. La guerre civile est loin d’être terminée pour le dictateur qui reste enfermé dans un cycle éternel de violence vengeresse.

Pour le PCE et le PSOE, la revendication d’amnistie devient à partir des années 1960 le cœur de la volonté de réconciliation. Cette revendication est double, pour les vainqueurs et les vaincus. Elle tente d’effacer les traces de la guerre civile autour d’une notion de pardon généralisé.

Pour tenter de faire pression sur Franco le PCE (surtout) et le PSOE (aussi) lancent une série de pétitions, manifestes, déclarations, colloques et conférences qui visent à inverser le rapport de forces.

Ces mobilisations vont se perpétuer jusqu’à la mort du dictateur en novembre 1975 soit pendant presque 20 ans.

Une partie de la gauche antifasciste refuse cette impasse politique, cet abandon mémoriel. Cette gauche justifie son positionnement en disant que le changement de doctrine du PCE et du PSOE n’a jamais empêché la dictature d’emprisonner et de tuer ses opposants.

En effet, si on reste sur la décade qui précède la mort de Franco, la dictature a sévi jusqu’à son dernier souffle :

  • Écrasement dans le sang et répression de la grève des mineurs dans les Asturies en 1962 et 1963,
  • Procès des « etarras » (membres de l’ETA, organisation basque indépendantiste) à Burgos en 1970,
  • Procès des syndicalistes des « Commissions ouvrières » en 1973,
  • Assassinat de l’anarchiste Puig Antich en février 1974,
  • Ultimes condamnations à mort de septembre 1975.

Le positionnement du PCE et du PSOE n’aura jamais empêché les incarcérations, les tortures et les assassinats des agents de l’ordre franquiste au nom de la réconciliation.

Cette erreur d’appréciation du régime franquiste, non content de désarmer la gauche va la fourvoyer dans les accords de la Moncloa.

Ces accords vont retarder de 25 ans supplémentaires le travail de mémoire autour des crimes du franquisme et favoriser l’essor de VOX.

C’est ce que nous verrons la semaine prochaine dans un nouvel épisode de cette série.   

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Didier Ribo

Description de l'auteur de l'article - co-fondateur du journal majoritaire de Béziers