Le maire de Béziers paraîtra le 18 février devant le tribunal correctionnel de Montpellier pour avoir refusé en juillet 2023 de marier Eva, une Biterroise de nationalité française, et Mustapha, un Algérien sous OQTF. L’édile reconnaît l’illégalité de son acte. En effet les textes de loi sans aucune interprétation possible garantissent la liberté de se marier entre un.e ressortissant.e étranger et une personne de nationalité française. La seule restriction existante est le soupçon de mariage « blanc », qui avait été levé par le Procureur de Béziers.
Pour l’homme politique d’extrême droite, si son acte est illégal, il est légitime.
On connaît la propension de Robert Ménard à jouer avec les limites de la loi pour faire gagner du terrain aux idéologies qu’il défend. Les médias avaient pu filmer les injures racistes dont avait été victime le couple à la sortie de la mairie. Le maire abuse clairement ici de son pouvoir pour propager ses idées. Mais plus grave, il attente par là-même aux libertés fondamentales sur lesquelles repose notre république.
La légitimité dont se prévaut le maire, malgré l’illégalité manifeste de son acte, est d’autant plus contestable qu’elle en appelle à la …loi. C’est parce que Mustapha était sous le coup d’une OQTF que le maire aurait eu la légitimité de ne pas procéder à la célébration, affirme-t-il.
Cela revient à dire que Robert Ménard conteste à une personne migrante sans papiers le droit de se marier.
Si on pousse le raisonnement on pourrait contester également à un.e migrant.e sans papier le droit fondamental de s’instruire, sous prétexte que cette preuve d’insertion sociale pourrait favoriser son installation en France. Robert Ménard rejoint ainsi l’ensemble des politiques qui actuellement en France tentent de redéfinir le droit en réduisant les libertés fondamentales : droit de se marier, droit de s’instruire, droit de travailler, droit de se soigner, droit du sol.
Restreindre les droits fondamentaux d’une personne sous prétexte qu’elle a migré de manière illégale relève bien de l’illégalité et ne repose sur aucune légitimation possible. Les droits fondamentaux sont les droits fondamentaux. Et ceci est d’autant plus vrai que cette restriction repose elle-même sur une première atteinte : celle du droit à circuler.
Migrer de manière illégale pour survivre est légitime. Plus légitime que de circuler en jet privé pour exploiter les ressources de notre planète.